mercredi 10 août 2022

Gorges du Tarn, Cirque des Baumes version insolite (1ere)

A 290 km de chez moi, le Cirque des Baumes (Lozère, vallée du Tarn) est à portée de roues pour un aller retour dans la journée sans se priver de visiter. Toutefois il est plus sympathique de s'y attarder, ainsi j'y passai deux nuits non consécutives, sur la route qui domine le Tarn et juste en dessous de l'énorme auvent naturel de la falaise surmontée de la passerelle du saut à l'élastique 107. Non ce n'est pas 107 m de haut quoique, mais de l'ancien numéro de la route des gorges, la 107 devenue 907 après 1972. Cette route des gorges suit au plus près le fleuve, soit très près ou soit bien haut, sur 53 km  et ici, dans ce secteur tourmenté, ne fut ouverte qu'en 1904.


Les bateliers de la Malène au fil de l'eau

Auparavant un sentier sinueux et malaisé la précéda mais l'essentiel du trafic se faisait par le fleuve qui, profond, dompté, canalisé était LA route d'échanges commerciaux et humains.  Cette année le fleuve est particulièrement pauvre en eau. De cette époque du grand commerce, ne subsiste qu'un parcours avec les barques d'autrefois, le parcours touristique des Bateliers de la Malène, sur quelques km, entre La Malène et les Baumes. Parcours intéressant à faire, les bateliers sont aussi conteurs, mais cette année ils doivent souvent relever le moteur et naviguer à la perche. Je m'offris un jour ce voyage enchanteur....

Je ne parlerai pas davantage du secteur j'y avais consacré trois articles dont je rappellerai le lien à la fin.

Parlons d'aujourd'hui : mes vacances seront Lozériennes, 6 jours, un prélude à ma future vie, la 4 eme si la vie me le permet. 

Route dans les gorges du Tarn

J'embarquai Nina dans le camion et en route. Je savais où j'allais : la Lozère. Pour le reste l'instinct choisirait. Après la fournaise du voyage, nuit paisible en bord de Tarn dont le chant et la fraîcheur berceront nos sommeils, 14 ° de moins qu'en ma chambre, ça se déguste. Et il fait pourtant encore 20° . En cet été de canicule qui ne tarit pas, le Tarn a singulièrement tari, je partagerai son lit avec le mien, heureusement il reste de profonds trous d'eau pour s'enfouir au frais. L'eau est quand même à 23 ° !


Mon bivouac entre Tarn, route, falaises et murs



Vu d'en haut : la route est double ici























Nina a eu son content d'eau : à boire, sur son pelage, sur son visage; dans un véhicule non climatisé, voyager avec un animal fait centrer le voyage sur l'animal. Son confort d'abord, fut il relatif et j'y veillai à chaque instant. Se garer à l'ombre était LA priorité. Même si les chats aiment la chaleur excessive.

Elle m'accompagna même en bord d'eau: si Lison naviguait sur son bateau au fil de l'eau, Nina détesta ouvertement me regarder nager.

Oh ce bain

Oh ce regard...

Pourtant les eaux du Tarn sont belles surtout lorsqu'elles s'habillent de reflets et lumières...Tout y est beau, en l'air dans les lumières du couchant, dans l'eau...Surtout quand ils s'emmêlent...


Au couchant




Un peu tourneboulé

En pièces détachées




Explosé

En entier





Les vignes du Tarn ont déménagé au gré des crues


Reflets; je n'ai pas noyé l' APN !


Entre de nombreuses baignades, je m'en allai fureter dans le secteur, là aussi il fallait satisfaire ma curiosité insatiable. Et dans ce site où roulent voitures et motos, où naviguent canoës et barques, où escaladent les grimpeurs et randonnent les courageux, où s'élancent dans le vide les plus fous fous,  je me contentai du pas banal.

Le plus prisé


Guidés et accompagnés



Solitude
Adrénaline









Dans un grand cri, en général!













Et je fus servie !

D'abord, escalader un grillage bien défensif et pénétrer dans les ruines du hameau semi troglodyte des Baumes Basses : ce sont quelques ruines de toute petite taille adossées à la falaise, sur une certaine longueur, épousant la courbe du terrain. Scindé en deux ce hameau n'était qu'un jadis, fait de petites chaumières  dont certaines sans toit (sous les surplombs) mais que l'inondation de 1875 ruina et tua. Il reste quelques vestiges remarquables, interdits pour cause de danger, je me fais petite (pas trop difficile) et, cachée par la végétation et les murs de pierre, j'arpente les ruines. Une énorme colonie de chauves souris m'accueille avec déférence, chacune respectant autrui, moi compris. Le plus dangereux est le plancher, je rase les murs. Sous la voûte de pierre, des centaines pendent par une patte tandis qu'une épaisse pyramide de guano fait un tapis sur le plancher.

Semi troglodyte


Je vivrais bien adossée à la falaise

                                                                                      

Evidemment

                                                                                       



Le four

Intérieur du four


Toiture et plafond


Etagères

Evier ?



Mur aveugle 

Rideau naturel


Je pourrai ainsi admirer l'énorme vestige de cheminée, les placards, l'escalier échelle, un ou autre pan de bois sculpté d'une ancienne porte, les murs épais, les plafonds en voûte de lauzes, un ensemble architectural qui valait bien de braver l'interdit. 

Rez de chaussée et accès à l'étage

Plafond toit de l'étage et ses pendeloques de chauves souris (et guano)


A l'autre extrémité, une vaste maison s'adosse à la falaise, avec ses volets bleus, je pense qu'elle résista à l'inondation ou fut postérieure. Elle est flanquée d'une belle caverne où jaillit une source domestiquée, caverne qui fut même barrée d'un mur et transformée en citerne. Un petit bassin extérieur recueille lui aussi des eaux. Dans la maison de facture plus récente, toute de bois revêtue sauf le mur du fond qui n'est autre que la roche nue et tourmentée, des squatteurs ont installé des canapés, un lit, atmosphère surréaliste. J'aime moins que la nudité des masures authentiques. J'abandonne le site discrètement. 

C'est une maison grise aux volets bleus adossée à la falaise
Une grotte/source / réservoir d'eau y est attenante




Arrivée d'eau creusée dans la grotte

Depuis la grotte




La grotte citerne et ses fermetures



Intérieur


Une seconde sortie, au réveil, m'expédia à l'entrée d'un sentier marqué d'un panneau : le sentier d'accès aux falaises d'escalade. Là je pus m'en donner à coeur joie de sillonner le site ! Entre les falaises, leur verticalité et la route, une bande fort escarpée de roches, arbres, éboulis et autres sujets à glissades garanties est équipée en maints endroits (car je visiterai tous les accès) de câbles permettant de se tracter et surtout de ne pas glisser. 

Oh Hisse !

Falaise d'escalade, profil

Une autre de face




ça c'est autre chose ! Cela vient du plateau
Ancienne alimentation électrique ?
En gros plan



Progression latérale à flanc de falaise




Panorama époustouflant 80 m au dessus du Tarn

Les Balmes ou Baumes sont des grottes ou plutôt des abris sous roche autrefois habités; un ou autre vestige de mur en témoigne encore.



Même chose

Mur devant un abri sous roche




Grotte haut perchée



Montées verticales permettant ensuite de se balader latéralement au pied des falaises, tantôt avec câbles, tantôt à l'aide d'une corde, tantôt en ne comptant que sur pieds et mains sûrs; inutile de dire que, malgré mon souffle court, je suis "chez moi".

Un paysage tourmenté et grandiose




 Je ferai de cette sortie un vrai parcours sportif. Et de la suivante puisqu'en fin de "voyage" je revins sur le site pour complément de mes enquêtes. Car, en quête, je vais l'être..

Mais ce sera dans le prochain billet...Une trouvaille extraordinaire connue (vue ? effleurée du regard ?) des seuls grimpeurs .

Ainsi dans ce parcours court, mais musclé je rencontrerai des grimpeurs, grosse pointe d'envie à mon coeur, mais je me gaverai de points de vue inédits, de couleurs et textures de roche remarquables, de jardins suspendus, d'arbres tourmentés; un paysage desséché pourtant sous le signe de l'eau.

Grand rocher d'escalade (Site "Entre deux")


Il grimpe, elle assure, on bavarde
Coup de coeur


En surplomb

 Le Tarn en bas s'éveille et les bruits se répercutent sur les murailles tel un incongru chambardement. Comme dans le Verdon. L'ombre est présente. Soudain une découverte ! Voilà qu'au pied de la falaise, haut perché, un bassin naturel d'eau claire abrite un jardin sauvage et vert, un figuier, on s'attend à tout sauf à cette source. Et des sources prêtes à jaillir, il en est d'autres, en témoignent les figuiers logés à cet étage. Incroyable...

Petit figuier ne grandira jamais


Source et bassin naturel

Sources en sommeil

Dans son ouvrage, Edouard Martel qui consacra plus de 300 pages en 1893 à cette région dont un chapitre à mon secteur, raconte que pour vraiment apprécier la beauté des lieux, il faut un temps flamboyant qui réveille les teintes et les anime. c'est exactement cela, je suis gâtée, c'est une merveille. Il raconte minutieusement la roche, la descente en barque puisque la route n'existait pas sinon en sentier, il parle des 20 m de profondeur du Tarn...qu'on en est loin...Il parle du débit, des barrages, des grottes et résurgences, des légendes et de l'Histoire vraie, il parle...et me subjugue (lien en fin de texte).

A ma seconde sortie, après le repas de midi, je vais suer, me liquéfier, souffler mais ça c'est acquis depuis 3 semaines, cependant que les couleurs sont belles ! Ecrasées de soleil. Cette fois je prends le sentier de randonnée du Soulio qui conduit au Point Sublime tout en haut sur le plateau. Non je n'irai pas, on ne part pas en rando dans ce four en plein midi caniculaire. La petite chapelle de St Hilaire me suffira, même certains sites d'escalade ne verront pas mon accablement. Saint Hilaire...une petite chapelle dédiée à l'évêque qui consacra Ste Enimie. Une grotte attenante à la chapelle offre une source qui, dit on, guérit les maladies des yeux. 







St Hilaire et la grotte




Si j'avais su qu'elle soignait les yeux...



Et là haut, en face, bien caché se trouve un sentier qui fut ancien chemin : on ira !

Le visage de St Hilaire ?



Intérieur de la chapelle 

Le Monument aux Morts






Grèce ? Non Gorges du Tarn

De Saint Hilaire je vais continuer un peu vers un site d'escalade, mais la chaleur est étourdissante et surtout la soif. Je n'ai pas pris d'eau pour m'obliger à rester tranquille ! 

Toutes ces balades entre Tarn et falaises, si sportives soient elles, ont un attrait : on en fait ce qu'on en veut. Balade prudente, exploration, balade téméraire, balade fureteuse, on en a pour le plaisir du regard : les panoramas sur la vallée, sur les rives d'en face, sur les reliefs tourmentés et ruiniformes qui évoquent de somptueux habitats, des animaux fantastiques ou domestiques, des visages et des regards, mais aussi une immense cathédrale où se répercutent sons et échos, peut être ceux des vieilles légendes, des immenses crues, des bateliers peinant sur le fleuve aux siècles passés (car il fallait remonter, point de fourgons et de remorques !), ceux des vacanciers enthousiasmés, l'écho de mes pensées et des pensées de Nina  ! 


Proche site des Détroits






De ces deux jours passés ici j'ai gardé du temps pour observer la route, et le fleuve, surtout le fleuve où je me suis adonnée aux joies de la baignade entre le passage des canoës et des barques. J'ai remonté à pied les eaux vertes, fouillant la grève à la recherche du caillou rare, je n'ai pas vu les nombreuses résurgences qui jalonnent le Tarn, j'ai entrevu les grottes, anciens chemins d'eau et j'ai cherché du regard le passage d'un sentier qu'un jour moins chaud je parcourrai, tout là haut, tout derrière ou tout près de l'eau, ce sera le dessert des gorges, dans le désert minéral et végétal. Je piaffe déjà !

Au fil du Tarn



La grotte sans sa légende
Plaisir de la conduite



Et puis il y a ma quête, pour laquelle je suis revenue ici, ce sera .....                           A suivre...

Là ce sera une histoire de roche et d'eau.

Et si on laissait le dernier mot à Nina ? 

Don't disturb please !!


La carte : 


Secteur des gorges situé dans le cercle blanc


Liens divers  concernant ce secteur. Sur mon blog, en cliquant

D'un Causse à l'autre, Novembre 2019

Rando au Cinglegros (gorges du Tarn) Décembre 2019

Balade en corniche de la Jonte (Lozère)


L'ouvrage d' Edouard Martel(1859-1938) fondateur de la Spéléologie: (en cliquant)

Les Cévennes et la région des Causses 1893



4 commentaires:

  1. Toujours un plaisir de lire et relire, super, B B

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    1. Bien sûr je savais que tu aimerais ce voyage là ! Bises

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  2. C’est magnifique, tout y est, roches, reflets dans l’eau, falaises, maisons troglodytes, circuit sportif et surtout un beau texte agrémenté de belles photos. C’est rafraîchissant et intéressant, je n’avais jamais vu les gorges du Tarn insolites à ce point, merci. Bises Josy.

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    1. J'espère t'avoir donné envie d'y revenir, Roxane adorera à coup sûr. Et même les enfants s'ils sont du voyage...descente en canoe ou en barque c'est top. Bisrs

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