lundi 11 novembre 2013

La Pedraforca: la pierre fourchue


24 heures séparent ces deux photos.
Rien que du banal, et pourtant....
Entre les deux, des émotions énormes ont été engrangées: j'y suis allée!
Et ce n'est pas rien, ce n'est pas une rando banale!

C'est la Pedraforca, une montagne étonnante située dans la Sierra del Cadi, en Espagne, une montagne mythique, très vieille formation géologique, au sommet de laquelle on trouve des fossiles; la faille entre les deux parties est constituée de matériau friable, véritable torrent d'éboulis.
J'ai eu un coup de foudre quand je l'ai vue et une obsession, depuis: y aller.(clic)
Situation géographique


Face nord, la Sierra est une succession de plissements à plus de 2600m d'altitude.

La Sierra del Cadi, face nord (hiver 2012)

Face sud, la Sierra est toute en douceur, avec des pentes, certes, mais plus douces; seule la Pedraforca s'élève comme un volcan.
En voyant  le profil de la randonnée, on comprendra tout de suite que ce fut un grand moment.



Alors, vous me suivez?

D'abord, au terme de 160 km et 3h de route, j'arrive dans un parking de montagne, perché comme un nid d'aigle, calme, avec la perspective d'une nuit sans lune, sans bruit, avec un de ces ciels étoilés comme on n'en voit qu'en montagne ou dans le désert.


Soleil du matin.
Le désert c'est un peu ici ; c'est ce désert que choisit un couple de français qui vient s'installer dans ce remarquable hôtel à ciel ouvert.

Je leur offre ce reportage car on a passé ensemble, le lendemain, des moments magiques: une belle rando, des paysages somptueux et une belle convivialité.






En ce matin frais du 7 novembre, depuis mon lit, je peux contempler, vêtu de rose, le massif que je vais découvrir; un dénivelé de 1000m nous séparent mais il n'y paraît pas.
En fait, plus on monte et plus la montagne grandit: je n'ai jamais vu cela!

Je pars seule, je ne connais pas encore Eric et Annick.




Un ravin jailli des cimes

Le sentier court dans les buis et les sapins, je marche d'un pas allègre dans le silence; seuls les chocs sourds du gardien du refuge qui fend du bois à la masse rythment ma marche. Je marche sous la muraille rocheuse et je croise de vertigineux éboulis jaillis des cimes et figés dans un monumental cataclysme . Impressionnant.
Comme la chaleur est vive, je mets la tenue d'été et Eric et Annick me rejoignent: on ne se quittera plus.

 L'automne saute au visage en vagues de feu.
L'horizon plissé et la mer de nuages s'amenuisent car on monte rude.

Toujours en longeant ces falaises calcaires nacrées.


Et on monte toujours: plus de 800m nous conduisent au col du Verdet, 2294m, au rythme de 365m à l'heure: pas mal!
On grimpe au dessus du monde

Arrivée au col

Gossol, alt 1400,  enroulé autour du château

La porte étant ouverte sur un vent fort et froid, la tenue chaude s'impose vite.
Et on attaque l'escalade.Une escalade simple, 200m de dénivelée à grimper dans la roche, avec les mains: il convient de suivre le tracé bien balisé, d'être attentif et de ne pas avoir le vertige: un vide de 1000m est sous nos pieds (avec des paliers quand même!). Cependant, en juillet dernier, un jeune homme s'y est tué.

J'adore grimper, mes compagnons aussi: le plus difficile à gérer pour moi, est... la nutrition. Je ne peux faire des efforts qu'à jeun mais je dois me nourrir juste au moment opportun, à la minute près, tant pis si c'est en pleine muraille! Et du salé, et du sucré! En alternance, pas simple!

Altitude 2300

Entourés de falaises
Et on avance: des vautours veillent au grain, au cas où...


Altitude 2506 : le sommet
El Pollego Superior

La montagne de Montserrat, près deBarcelone
flotte dans les nuages (côté sud)

En rouge, le parking où m'attend Lison
(côté nord)


Le ravin de tout à l'heure vu d'en haut
Au sommet, c'est repos, repas, plaisir des yeux, des papilles, et bonheur.

Mais...j'attends la descente, parce que le retour, ce sera ça!

L'enforcadura et la descente
L'enforcadura, c'est la fourche entre les deux crêtes rocheuses.elle a une pente phénoménale et c'est un couloir d'éboulis à pic.J'attends la découverte avec impatience.

D'abord, on descend une muraille rocheuse de 150m à pic, mais sans les mains, juste bien appuyés sur les bâtons.

Puis les portes s'ouvrent sur le couloir de la "fourche".



On entame la périlleuse et glissante descente sous le regard amusé de cet isard solitaire qui rit de ces humains en perpétuelles acrobaties d'équilibristes!


On se lance dans une descente magique!
Il semble qu'on pourrait aussi bien s'envoler...



Une hauteur de 500m en ligne droite, à peine brisée par les méandres d'un sentier où les petits cailloux semblent des billes et prennent un malin plaisir à me faire tomber: je ne suis jamais autant tombée! Faut dire que j'ai les jambes molles!

Mais au final, après un retour dans la forêt qui embaume le buis et les conifères, le Pedraforca nous offre encore un dernier cadeau:

Là haut, à 2500m...j'y étais

Lison aussi contemple

 Un autre cadeau: le feu du soir qui tombe


Le lendemain, un dernier regard:
Face sud, depuis Gossol
                                                                                                     
Mon repas face au sommet du Pollego






Il faut dire que ces longues falaises lisses sont des murs d'escalade (il y a 3 sites).

Pendant mon repas, j'entends les voix des grimpeurs.
Mur d'escalade







Je lève mon verre (avec mes ongles cassés par la grimpe) à cette montagne où j'ai envie de revenir.

Il me reste le Pollego Inferior( 2445m), à droite de la fourche, plus difficile d'accès, semble t'il.

Eric et Annick partageront peut être cela avec moi?








18 commentaires:

  1. Lison bonjour!
    Quelle ballade! Magnifique et très dur je trouve!
    Mais je pense pas un problème pour toi!
    C' est un régal de voir ce paysage très haut et j'adore la vue Gossol haut 1400 - magique!
    Merci pour ce beau billet chère Lison!
    Passe une belle journée et à très bientôt!
    Je t' embrasse!

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    1. Merci Géli; aujourd'hui, le froid est là, un vent glacé venu du nord; on a le soleil, un peu plus pâle...Bisous

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  2. C'est saisissant de côtoyer ainsi le ciel.!!
    Tu racontes cette grimpe au fur et à mesure et je crois presque y être: mais il faut être mordue comme toi et tes nouveaux amis pour effectuer cela !!
    Tes clichés sont superbes, le Feu du Soir qui tombe, le couloir de la Fourche (impressionant !)
    Merci, pour ce reportage in situ et encore Bravo à vous 3.
    bisettes

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    1. J'ai raconté la balade de façon linéaire car elle est vraiment très belle, cela valait de faire partager et pourquoi pas? de donner envie!Bises à toi

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  3. LISON bonjour je repasse regarder tes belles photos plus tard
    BISOU et bonne journée

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  4. A quelle magnifique balade à laquelle tu nous convies.
    Je suis bien incapable (malheureusement) même de monter cent mètres et je crois que j'aurais tenu compagnie à Lison.
    Mais tes très belles photos m'y emmènent et c'est très agréable.
    Par contre j'aurais bien partagé ton repas et trinqué avec toi.
    Gros bisous.
    Belle soirée

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    1. J'ai une passion (tardive, c'est pour ça que j'en profite) pour la montagne; mais au retour, je me soigne! Un bon repas (restau ou "maison") et un bon vin, ici, du vin espagnol.Bisous

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  5. Quelle balade !
    C'est le soleil du matin que j'aime le plus, et aussi Lison, bien sûr !
    Très belle soirée, Lison, je t'embrasse.

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    1. Je sais, ya pas le Canigou! Et en plus, en haut, on l'a vainement cherché: invisible ! bisous Norma

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  6. Encore une de tes fabuleuses ballades !!!
    Tu en as encore pris plein les mirettes ! Et avec des amis pour le partage !
    Merci ! Bisous

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    1. Celle là fut pour moi particulièrement fabuleuse, sans doute parce que j'avais un attrait bien fort pour cette montagne originale. Plein les mirettes et aussi les bras(avec les bâtons ) et les guibolles! Bisous

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  7. Bonjour,
    J'envisage de découvrir ce sommet hautement symbolique pour les Catalans, et je découvre avec bonheur ce blog. Super compte rendu Lison. Cela donne encore plus envie de gravir ce sommet.
    La photo de l'accueil du Blog est de toute beauté, l'étang Couart est parfaitement mis en valeur.
    Bonne continuation

    Ludovic
    http://randoludo.blog4ever.com
    http://matraversee.blog4ever.com

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    1. Je vous ai répondu sur votre blog, et bien vu pour Couart!

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  8. Quelle belle randonnée, Lison ! pas de tout repos, j'imagine bien, mais si belle ! Il me faudrait du temps pour la faire, quant à moi, avec tant de dénivelé, mais je mettrais le temps qu'il faudrait. Par contre, pour la descente, tu n'as pas eu mal aux genoux ? ce n'est pas toujours facile de descendre sans se faire mal. En tous cas, bravo, et merci pour ces si belles photos. Dis donc, le vin blanc, tu l'as bu à l'arrivée, hein ? parce qu'avant de partir, il t'aurait peut-être bien coupé les jambes... (sourire)
    Gros bisous, Lison, et merci pour ce joli billet. :-)

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    1. Pas les genoux, mais cette fois, le dessus des cuisses, à froid, d'ailleurs, pendant deux jours, mes muscles faisaient de grosses boules. Mais bon, j'ai une excellente condition physique, car je suis loin d'être jeune! par contre, le repas, c'était le lendemain midi, avec des pommes frites"maison" (mon camion), des tranches de porc, du pain rôti...et le vin blanc; cependant comme j'avais 200km à faire, très peu de vin! En Espagne c'est tolérance zéro, donc c'était déjà trop.Bises, Françoise

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  9. .Quelle randonnée superbe, tu la racontes si bien que l'on te suit sans problème lol . Tout est féérique et tes photos sont magnifiques . Merci pour le partage.
    Belle soirée Lison

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    1. J'aime randonner seule et emmener avec moi plein de personnes à travers mes récits; bizarre, non? Bisous

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