Ah ce Riufret qui me laissa un souvenir impérissable en 2008. Pour son cours rectiligne et si escarpé qu'il n'est qu'un trait de cascades et rocs dans une saignée de pierres pâles enchâssées dans l'écrin vert des pelouses.
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Barrage de Soulcem et vallon du Riufret (Vicdessos, Ariège) La photo écrase la pente démesurément |
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Le coeur battant du Riufret |
Pays d'eau et de fleurs, l' Ariège est aussi le pays des envoûtements.
C'est au Soulcem, un jour d'août 2006 que je viens éparpiller les cendres de ma vie défunte et construire celle que je nomme encore ma 3 eme vie.
Au seuil d'un espoir de 4 eme vie, je viens inconsciemment chercher ici les prémices de ce nouveau chemin, c'est comme une évidence, perchée sur ce parking de montagne où cohabitent troupeaux et marcheurs. Une source d'inspiration.
Justement la marche que je veux faire ce matin est décalée, pour ne pas dire déjantée. Un jour de repos après le Montcalm - prochain récit - et je piaffe. Hier j'ai escaladé une pente raide (euh...toutes le sont ici) pour aller taquiner une cascade mais j'ai surtout déchiffré le paysage en face. Cet en face où je suis ce matin.
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Depuis la cascade de l'autre rive |
1.5 km de sentier en bord de lac dans la brume qui s'effiloche et je rencontre le Riufret avec son câble inutile devant aider à la traversée.
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Lui il me plait |
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Mais il est imprenable |
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Barrage de Soulcem |
Ce ne sera pas traversée, mais remontée du torrent, c'est aussi stupide que vital.
Je pensais remonter par la rive végétale, mais...faut pas rêver ! C'est inextricable. Donc ce sera liquide...
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Impossible de marcher là |
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Il reste ça |
Départ 1592 m.
Un défi un peu risqué, parce qu'il faut être prudent, ce n'est pas la noyade que je risque mais la chute.
Par chance rien ne glisse; je louvoie de préférence en rive droite, je remonte sans difficulté ou presque, chaque difficulté est étudiée au mieux et franchie avec attention. Parfois en prenant de l'altitude.
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Devant moi |
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Et plus en amont |
Je suis contente car rien ne parvient à me stopper, même si je dois empoigner les hautes herbes pour me hisser. Le vallon est très étroit enserré de falaises.
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En se retournant vers l'aval |
Soudain je vois un randonneur qui m'observe; un signe de la main et je continue, mais l'homme s'inquiète et à grands gestes m'invite à quitter le site, il croit à une erreur de ma part. Pas facile de communiquer. Je m'obstine "dans l'erreur" et lui dans son envie de m'extraire de ce mauvais pas, c'est dire si vu d'en haut cela doit paraître...bizarre. Il gâche un peu ma quête. Car le Riufret va bientôt s'extirper d'une gorge verticale et innommable, un vrai coupe gorge fait de cascades en série et de trous d'ombre entre des rocs infâmes. Faut être un peu "perchée" pour trouver du charme à ce site.
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Jeux d'eau |
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Dans mon dos |
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J'avance |
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Dans mon dos aussi, avec des chutes brutales |
J'ai croisé une belle cascade que j'ignore car trop sage et, après un au revoir au marcheur soulagé, je disparais à sa vue. Soulagé car je suis arrivée à un point où une pente herbeuse conduit droit au sentier; je la savais cette issue, et je l'ai ignorée par choix, mais c'est quand même un grand soulagement de pouvoir revenir par le sentier.
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Une cascade majeure |
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Elle file vers le lac |
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De près |
Car à présent tout commence pour moi: d'abord je disparais à la civilisation; ensuite je suis à la sortie du canyon et il est impressionnant ce tronçon vertical vers le ciel, étroit comme un goulet où bouillonnent en série des chutes d'eau blanche.
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Le canyon se précise |
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le voilà, en partie |
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Recto / verso |
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Derrière la cascade |
Là je vais enfin m'amuser. Tenue de bain, nu pieds, je vais me loger derrière la cascade et je regarde le monde à travers un rideau blanc de perles bruyantes.
Quelques photos et je vais au jacuzzi; bain bouillonnant, douche, jets massants, tout y est, même pas froid. Certes le sauna n'est pas ici, ni le hammam, mais le panel est large dans l'étroite piscine. Je ris toute seule de cette providence. Que demander de plus comme "décrassage"?
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Rien à ajouter Bon je pouvais enlever...le maillot |
Que vouloir encore ? Essayer de gagner l'étage supérieur du canyon; cela paraît possible et le sera au prix d'une grimpe acrobatique dans une pente énorme en dévers, chevelure d'herbe épaisse et glissante où je crains plus la vipère que la glissade! Le piolet eut été le bienvenu ! Une désescalade de petite cheminée et je suis à l'étage supérieur, 1744 m, je n'irai pas plus haut, c'est impossible.
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Des dalles |
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De la pente surtout ! Un vrai toboggan |
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Et une belle grimpette |
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Total pour ça ! |
Non vraiment je n'irai pas plus haut ...et pourtant, il continue ce canyon. Vu de loin, il impressionne
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L'étage supérieur, 1744 m |
Et plus haut encore...cachées dans le canyon
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Le vis à vis, plus calme |
Impossible par le canyon, mais réalisable une prochaine fois par un improbable chemin que je créerai entre falaise et gorge, pas plus dangereux que le reste. Je l'observerai de loin ce chemin possible et peut être, avec un peu de chance, pourrai-je gagner l'entrée de la gorge, voir le canyon où se jette follement le Riufret. Remonter le torrent jusqu'à l'étang du Riufret serait un beau programme, mais déraisonnable. Car jusqu'à l'étang, aucun échappatoire. Le coeur me dit "fonce", la Raison me crie "freine", il ne faut pas présumer de ses capacités ni de ses forces. C'est juste un jeu...d'eau.
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Vu depuis le sentier du vallon, au zoom |
Pour l'heure je redescends de mon perchoir : pas facile, le piolet ne serait pas du luxe..Je le remplace par les végétaux. Au fond c'est rigolo!
A présent, il n'y a plus qu'à rallier le sentier par une "douce" diagonale, et déjà repérer le prochain passage pour aller plus haut...aller plus haut!
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Retour vers le sentier (blanc) Aller plus haut (rouge) |
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Et encore plus haut |
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Retour au sentier |
La petite fille aventurière qui ne cessera de sommeiller en moi, continue ses rêves d'aventure. Les rêver et les vivre. Modestes soient ils. L'aventure ce n'est pas toujours raisonné, ce n'est pas toujours raisonnable, sinon ce n'est plus de l'aventure, mais cela excite les papilles et maintient en éveil, en vie, en vitalité. On reste ouvert au monde, éveillé à la vie, très observateur, surtout, très curieux et tant qu'il y a de la curiosité, il y a de la vie.
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Soulcem |
Depuis 400 jours, ma mère gît dans un lit, contemplant le mur, ses livres et ses pensées. Hyperactive toute sa vie, elle se plait à dire "je suis bien". Je regarde avec horreur et terreur cette non vie.. le ceci explique peut être le cela...
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Celle ci aussi m'attend Ruisseau de la Gardelle |
trés belle grimpette au fol de l'eau!
RépondreSupprimerfaut le faire !!
Et plus je vieillis plus je me diversifie, grottes, torrents. Un peu folle au fil de l'eau.
SupprimerAh, l'Ariège !! pour paraphraser Audiard (Les tontons flingueurs) : "On ne devrait jamais quitter l'Ariège", ses montagnes, ses eaux tumultueuses ou apaisées, ses forêts, sa fraicheur, son charme qui peut paraître suranné mais qui a toujours cours, la rudesse, au premier abord, des autochtones et sa faune et sa flore encore un brin préservées ! Un bien beau récit de ton périple et ces photos si rafraichissantes !! J'imagine que ces contrées te verront encore arpenter sentiers, sentes et pentes pour notre plus grand plaisir virtuel ! Merci Lison !!
RépondreSupprimerOn ne quitte jamais l' Ariège quand on l'a dans le coeur. Depuis l'âge de mes 30 ans je l'ai chevillée au coeur puis au corps depuis que j'y randonne. Quant aux autochtones, c'est une autre histoire. C'est selon, ce peut être des ours, ce peut être des agneaux , mais en aucun cas je n'en ai rencontrés qui soient vaches
SupprimerMichel Sébastien conseillait en effet le piolet "même en été" pour le Riufret
RépondreSupprimerEn fait pour le Riufret lui-même, actuellement il n'est pas utile mais si on veut grimper un peu en dehors des passages humains, le piolet se fait appeler "Désiré". Et même mieux, je mettrai aussi les guêtres hivernales quand j'irai crapahuter, au cas où une bête à tête triangulaire me guette
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