dimanche 27 août 2023

Les cerisiers de Porté Puymorens (66)

 Porté Puymorens (1600 m): un petit village des Pyrénées Orientales, le dernier, tout à l'ouest du département, juste avant l' Andorre, l' Ariège et la route en lacets qui monte au col du Puymorens (1924 m).


Porté Puymorens, la station de ski et les cerisiers

Ce petit village doté de station de ski, centre équestre, camping et autres loisirs de montagne, ouvre sur la petite route de Fontvive, très prisée des touristes, pêcheurs et habitants du cru. Une des portes du Carlit (2921 m).


Porté Puymorens


Et pourtant s'il est bien un lieu qui passe inaperçu, preuve en est, il l'est passé pendant des décennies pour la curieuse que je suis, c'est, au 1er lacet de la route du col, là où l'on se gare pour prendre le GR, "la cerisaie" de Porté. Le virage se nomme d'ailleurs "le tournant des cerisiers".

Oh je l'ai vu bien par hasard ce site, en cherchant tout autre chose ; j'ai vu un grand mur ocre comme celui d'une bâtisse. Certes j'ai vu dans le village quelques grands et vieux cerisiers, surprenants à cette altitude.

Ma première visite au site fut informelle, sans bâtons ni chaussures de marche et les deux y sont indispensables. La route est bordée de hautes falaises ocres, mais entre virage et falaise, une longue langue de terre monte à l'assaut de la montagne, protégée des vents du nord et d'ouest, et bien exposée au sud.


Le site au dessus de la route



Plus proche


De profil, l'étagement des terrasses et la pente

Le mur en question, objet de ma visite n'était autre...qu'un mur de soutien d'une terrasse. 

.


Faute de chemin, j'ai escaladé le talus de la route et, de murette en murette, de terrasse en terrasse, j'ai suivi le chemin des animaux se rendant à la rivière pour s'abreuver. Les murs sont assez nombreux mais petits.



Le grand mur de profil




Une idée de la pente




Un des murets



Un autre



Encore un


En cette première visite, ma gourmandise a été éveillée : d'abord par quelques maigres cerises douces et minuscules, rescapées des becs voraces. 


Une des petites rescapées


Sur fond de piste de ski


Cerisiers battus du vent

Ensuite par des bandes de terre en étage, des terrasses, soutenues par de murets et envahies d'herbes folles. Nulle trace des cultures de jadis, hormis deux magnifiques bouquets de cerisiers d'un vert resplendissant. Deux frênes, des églantiers, et ensuite vers le haut, des pins. Jusqu'à la crête. J'ai vagabondé prudemment et me suis promis de revenir, mieux équipée.



Ce qu'il reste des terrasses


Ancienne terrasse

Frêne


Chose faite quelques jours plus tard (15 août), j'ai choisi une autre voie d'accès dont je ne saurais encore dire si elle fut humaine ou animale : une sorte de sentier à flanc de falaise, en une vire étroite et montante semblant taillée dans le roc et demandant le pied sûr et le vertige au vestiaire. La chute peut devenir double punition ! se rompre les os et terminer écrasée sur la route en contrebas. Merci !

Au départ

                                                                                       

Dans la montée

La montée est rapide et vite moins dangereuse, j'escalade les murs rocheux jusqu'à la limite de la forêt et je parviens ainsi sur la crête latérale de la falaise longeant les terrasses : une ancienne plate forme construite par les humains m'accueille, je ne sais pas encore que ce sera le point le plus haut du site cultivé. Terrasse ? Chemin ? Je n'en sais rien.


En lisière de la forêt

La plate forme aménagée 


Je désescalade les quelques mètres de falaise, merci les chèvres et mouflons, et je parviens à une longue langue herbeuse, d'une belle herbe verte et grasse, laissant à penser à un petit cours d'eau. L'herbe montant à mes genoux, j'attends avec une quasi certitude "la" rencontre : je bats le sol du bout de mon bâton et une longue ondulation fonce vers mes pieds qui battent la retraite en marche arrière, direct . Un beau serpent gorgé d'humidité n'entend pas se laisser déranger. Il me faudra redescendre une bonne dizaine de mètres pour pouvoir passer en zone sèche.

La zone humide


L'intégrale de la balade



L'herbe grasse du "ruisseau"



Pour être sec, c'est sec : à ma gauche, il y a la rivière sans eau, mouvante d'herbes et de fleurs comme jaillie d'un autre monde en cet été desséché, et, devant moi et sur ma droite, un paysage sec au possible , buissons rabougris, herbes craquant au dur soleil et fleuve de pierres où les animaux ont tracé des sentes.

Fleuve brûlant


Le village vu d'en haut


Car pas un humain ne vient ici : quoi y faire ?

Et moi même qu'y faire ? me consumer de chaleur pour ne voir aucune terrasse, aucun vestige. Ivre de chaleur, je me hisse jusqu'à la supposée source (1820 m) qu'un énorme massif de grasses orties habite.

Massif d'orties à la source

 Je redescends, vaincue, en empruntant le sentier de terrasse en terrasse, de mur en mur et de friche en friche : oui, hormis les deux massifs de cerisiers je ne verrai rien d'autre, pas l'ombre d'une construction ni même l'ombre tout court. Mais cette langue verte et grasse, assortie d'une seconde jaillissant de la falaise, parle de sources donc de cultures, autrefois. Les terrasses s'étageaint de la route, 1713 m à 1785 m. Au delà ce sont les pins.


Trace de 2nde source jaillie de la falaise


Je regagne la route et la jolie cascade du Ravin de Cortal Rousso près de laquelle je me suis garée. 1730 m.


Cascades de Cortal Rosso


Le long de la route, juchés sur la falaise, de rares murets aussi inutiles qu'incongrus, disent qu'autrefois, avant la route, ils servaient à quelque chose, car cette longue bande de murettes continuait sans transition sa descente jusqu'au village. 


Au dessus de la route et devenu inutile

Même chose


Le site partagé par la route depuis le village

La route l'a détruite, meurtrie et partagée. La montagne me l'a dit et je sais écouter ses voix, même chevrotantes de vieillesse.

En chiffres : 

Distance : 3 km

Dénivelé : 150 m env


Le site encadré de blanc




4 commentaires:

  1. Peut-être que dans quelques décennies, de nouveaux cerisiers verront le jour à nouveau sur ces pentes. Ludo

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    3. Bon j'y arriverai après 2 erreurs : oui, s'il n'y fait ni trop chaud ni trop sec. Plus tard, les pentes du Carlit risquent d'en être recouvertes

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