jeudi 23 novembre 2023

Estoher (66) : en remontant le Llech, quelques surprises !

 Estoher est un tout petit village, un des rares de mon département que je ne connaisse pas. Alors je décide d'y aller, c'est juste à l'écart de la route pour ma randonnée prévue à Sahorre. Un petit tour de reconnaissance et  je décide d'y passer la nuit.  

Estoher

Le lendemain, toujours avant ma rando, je choisis d'aller  voir la rivière locale, le Llech, célèbre pour son grand site de canyoning. 

Ce récit n'est qu'une esquisse, les premiers traits d'un dessin ou les premiers mots d'une "montagne" qui a bien envie de me conter une histoire mais je n'ai pas encore les clefs de sa bibliothèque d'archives.

Alors je vous conte ce qu'elle m'a conté.

Ce V est le terminus du canyon du Llech


Oh, ce sera  juste un petit tour, petit sac à dos, deux abricots secs, une bouteille d'eau, pas de quoi faire une expédition ! J'en reviendrai 4 h plus tard, riche de "trouvailles" enfouies sous les griffures du temps. Griffée aussi,  je reviendrai. L'appétit ouvert à plusieurs titres. Et Sahorre ajourné.

Une petite route goudronnée, un canal effréné, et c'est le Llech endormi qui m'accueille, peu d'eau en cette saison. Un panneau me prévient gentiment pour le but de ma balade. 

Les pierres plates est un site naturel où la roche a été polie et lissée par l'eau; c'est un site touristique avec ses baignoires naturelles; j'ai l'impression de remonter la Massane des Albères. Mais je vais vite me défamiliariser !




Le canal

Sa prise d'eau

Proue de navire du Llech



Les pierres plates et leur géologie




Rive gauche : 

Il me suffit de quitter le lit de la rivière et de m'aventurer vers des murettes aussi incongrues que si j'eusse rencontré un phoque.

En guise de phoque je me coule dans le moule sanglier plus familier et je pars à l'aventure ; c'est simple, habituel et énergivore: suivre un sentier animal, car si sentier il y eut, il ne reste que quelques murets; le reste c'est du terrain croulant, envahi de végétaux pas tendres, je me glisse, me faufile, m'accroche à tout ce qui traîne et au bout d'un maximum d'énergie dépensée, je vais voir l'eau de plus près et demi tour. 

Que font ils ici ? 

Un tronçon de mon parcours vu de la rive opposée; il semblerait bien qu'un ancien sentier
conduisit jadis à la rivière




Hors sentier car il ne reste rien d'un vrai tracé

En mode sanglier



ou en mode acrobatique



Revenue aux pierres plates, j'escalade carrément la falaise car des murs, là haut ont un visage familier de chemin. Et me disent "viens !".


j'aime cela

Bien vu, c'est un ancien chemin taillé à flanc de rocher que je vais suivre tranquillement, plutôt bien conservé. La rive escarpée monte vers le ciel bleu, habillée de chênes et de quelques terrasses au passage d'un ravin. J'ai en ligne de mire l'entrée du canyon, curiosité du jour. 

J'espère cela, l'entrée du canyon


Des vestiges de construction, un bâti de fer sur le chemin, ça sent le site minier. Rien d'étonnant, le secteur est truffé de mines de fer. Mon chemin disparaît dans un vaste effondrement, qui pique droit dans le Llech. Je tente le franchissement, au pire ce sera glissade et baignade, au mieux je trouverai la suite du chemin. Ni l'un ni l'autre : je bute sur une falaise que j'ai beau grimper partout où je peux, rien  à faire. 

Pus tard, j'aurai la preuve que le chemin continuait, mais peut être la carrière, postérieure, l'a t'elle détruit, une tentative à son autre extrémité, se soldera par un échec à cause des broussailles trop denses.

Ce n'est que partie remise. Oui je sais : à quoi ça me sert ? A rien.

Le chemin qui continue et que je n'ai pu atteindre
Vu depuis la rive opposée

Des murs m'invitent, la montagne devient bavarde. Et là, devant moi (3.9 km, 491 m), un site minier creusé dans la falaise s'étage sur deux niveaux; l'éboulement n'est autre que les rejets de la mine. Mine de quoi ? Pas de fer en tout cas, la roche est trop blanchâtre. L'info viendra au village : or et arsenic. Mais sans envergure puisque aucun document n'en fait mention. Par contre le proche Glorianes a un passé  minier bien détaillé (Arsenic et or).


Taillé dans le roc

Le chemin en corniche



Même lieu




Jolis vestiges


                                                                               

Retour sur mes pas

Une falaise est creusée style carrière, couleurs plutôt orangées. A l'étage au dessous, un trou béant au bout d'un éboulis couvert de ronces n'est guère appétissant mais soyons curieuse. Le plus rude à franchir c'est les ronces. Quant au trou, rempli d'eau il gardera le mystère de sa profondeur et de la provenance de l'eau.


Couleur minerai ? 





Etage du bas, en galerie inondée

Etage du haut, à ciel ouvert



Le site en falaise


D'autres surprises m'attendent sur cette rive gauche . Les ruines sont des bâtiments miniers, un peu plus haut sont les vestiges d'un site de transport du minerai. Au fait, transport vers quelle plate forme de réception ? Encore un point à éclaircir. Justement sur la rive droite, en face, un chemin se dessine. 

Le ravin de Néret creuse sa saignée rectiligne et les vestiges de l'exploitation du fer volent en plein ciel. Mais au fait ? Où atterrissaient ils ? Dans la vallée du Llech ? 




Le correc d'en Neret


Transport du fer par wagonnets


Pylône servant au transport


Rive gauche c'est plus terre à terre !




Plate forme d'évacuation



Gros plan



A l'aplomb de la rivière



En bord de chemin
La montagne ne m'en dira pas davantage...

Retour aux Pierres Plates, encore une fois. La visite de la rive droite s'impose ! Au diable l'heure et le ventre creux. Je traverse le Llech, j'escalade le talus et me voici sur le chemin . 




Rive droite :

Ce sera un parcours facile, bref (0.9 km) fait d'un bon pas; il n'y a pas grand chose à voir, sinon la rivière parfois. Et la vue générale de la rive gauche, de la saignée de la mine..et de la suite du chemin que j'ai tant cherchée et qui existe ! Mon sentier est entretenu par les chasseurs, j'imagine. Les points verts me guideront dans le final style jungle aquatique; c'est vert, glauque, sombre, pas engageant. Des ruines s'étagent dans le passage des ravins, humides et frais. Ruines ensevelies dans les ronces, imprenables comme des forteresses. Ici c'était agricole sans nul doute (ou minier au débouché du Correc d'en Néret? ), je reviendrai "armée" pour débroussailler et écouter la voix de la montagne, elle est bien bavarde cette montagne mais un peu trop discrètement. C'est comme une griserie, je poursuis mon chemin, un cerf brâme près des gorges, c'est prenant, envoûtant...

Le chemin bordé d'un mur

Dans le lit du Llech (site minier)
Le chemin



Ruines agricoles (ou plate forme de réception minière ?) 




Escalier




Murettes de parcelles


Vestiges de vie agricole


Me voilà au terminus du chemin. Le bruit des cascades me parvient mais je ne vois rien. Je vais donc traverser le Llech, sur les rochers et grimper sur le chemin de l'autre rive, toujours vaillant sur ses murs.

Traversée de la rivière


La beauté du site est époustouflante, je reste sans voix ou plutôt j'exprime à haute voix ma joie !

Site des cascades de la Fou



Le site des cascades nommées de la Fou

Au zoom

 Dieu que c'est beau ! Je grimpe sur la rive, la surprise sera totale ici. Car le chemin continue jusque dans un étage des gorges, mais pour quoi y faire Grands Dieux ? Quel était le but ? Ce chemin traversait un ravin , celui de Ferrères, qui a tellement ravagé le site que le chemin n'est plus. Je franchis le ravin, récupère le chemin qui devient un mince passage entre falaise et vide . 


Le chemin



Franchissement du ravin de Ferrères





La ravin et sa violence

Tout a été saccagé au fil des ans




Le chemin devient mince passage



Tandis que je m'élève au dessus des cascades


Là le parcours se corse, c'est de la varappe. Roches lissées, mouillées, j'hésite à peine, j'ancre mon index dans une plaquette, assurage à minima, et je me hisse. Levant les yeux je découvre un câble, la baignade ne sera pas pour aujourd'hui, je ne serai pas le cascadeur forcé des cascades. Mon terminus est atteint, je ne sais m'arracher au charme du site. Jamais je n'ai vu un site aussi grandiose, tout en sachant que le coeur battant du canyon me sera à jamais interdit. C'est à la fois merveilleux et inquiétant, je me sens toute petite.

Un arbre allongé traverse le torrent et, chose étrange, il y a un muret
sur l'autre rive, en plein étages de cascades


Le câble




Terminus, que c'est beau !!

Au zoom


La flèche rouge aura été mon terminus


Je reviens sur mes pas, enthousiasmée, émerveillée, mais...pourquoi veux je déjà revenir parfaire mes recherches ? C'est terrible ce cerveau qui veut toujours aller au delà de mes pas. Qui me demande toujours plus, qui me fatigue plus que mes jambes. Un ancien chemin remontait le ravin de Ferrères, il me le faut, je crois qu'il est devenu chemin de retour de canyoning.. Le chemin que je n'ai pu achever, aussi, à débroussailler un peu, ainsi que les ruines agricoles (ou minières ?). Alors, la montagne fera davantage que murmurer à mon oreille...j'espère.

En attendant elle m'a offert des merveilles et des couleurs...ah ces couleurs !




Gerris








En chiffres

Distance totale : 9 km

Altitude maxi : 604 m (Canyon)

Altitude mini : 387 m (village)









4 commentaires:

  1. changement de site mais le plaisir perdure.
    Il y a quelques années mon fils a descendu ces gorges en canyoning auxquelles on accède par un parking situé au dessus. Images et videos fabuleuses. Je croyais en disposer encore mais je ne les ai pas retrouvées. J'aurais publié quelques photos "d'en haut"
    belles photos, joli texte. du bon Amedine.

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    1. Merci Guy; autre site, autres découvertes, autres émotions, c'est un nouveau départ, une nouvelle motivation, allez c'est parti vers de nouvelles aventures. Mais je reviendrai à Py, c'est pas fini !

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  2. encore un exploit de sanglier !
    les wagonnets passaient par dessus la crête et descendaient non loin du refuge du Mas Maler aux anciennes mines de fer qui sont en partie fermées pour protéger les chauves-souris si j'ai bien compris, les pylônes ont été démontées et les câbles enlevés, il ne reste que les grandes roues qui assuraient le transport
    voilà 2 de mes albums dans ce coin pour te préparer
    tu peux monter de la chapelle St Jean de Sanès en direction de la crête pour aller voir l'ancien pylône au point côté 981 je crois
    s'il te reste des forces( je n'en doute pas ) tu peux faire la boucle par le Maurous et redescendre sur Biernis, très joli endroit Bonnes ballades, il y a de quoi faire dans ce secteur
    https://photos.app.goo.gl/MxsfSiyiYUGDZN31A
    https://photos.app.goo.gl/7Ayot7db2oe98AACA

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    1. Justement ce parcours a été fait avec descente par l'ascenseur : tu connais ? Chemin rectiligne réhabilité par les chasseurs, il porte bien son nom. Je commence mes "explorations" dans le secteur. Est ce que je saurai m'arrêter ? C'est immense. Mais surtout je veux profiter de sentiers "touristiques" avec le Mosquit, le Col de la Gallina et aussi la Forge du Llech ...enfin y a du programme dans l'air

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