Estoher : Le Puig dels Moros (1211 m)

 Pour cette randonnée, je vais être accompagnée par un "guide" connaissant le secteur, ce qui va être reposant et appréciable, je ne devrai pas chercher ma voie et on fera un circuit en boucle.

Puig dels Moros 1211 m

Ce sera versant ouest, au dessus de la rivière Llech. Secteur tout nouveau pour moi.

Nous quittons Estoher et il s'annonce encore une étincelante journée d'automne. En quelques phrases Paul m'indique le tracé de la rando, cela va grimper c'est sûr.

Traversée du Llech, une visite à la chapelle St Jean de Seners, seul vestige restauré d'un village disparu, auprès duquel se trouvait un moulin à farine et un cimetière, dans un site minier.. Une fontaine minérale y est mentionnée.

San Joan de Seners

Les hors d'oeuvre sont consommés, le plat de résistance s'invite dans les mollets, ça grimpe dur en forêt qui fut autrefois cultures, terrasses et cortal. 

Les forêts d'ici : chênes verts

Un beau cortal jadis coiffé de tuiles domine la crête, dans les arbres, en ruines, un enchevêtrement de débris. 

Ruine de cortal

On le salue au passage et on continue toujours en forêt (que peut il y avoir d'autre ?), en suivant un sentier lisible, cairné, non balisé, qui nous dirigera de crête en crête, un vrai plaisir car les points de vue s'élargissent et deviennent de vrais tableaux en relief et colorés par un flamboyant automne.

Le paysage se dévoile

Relief ruiniforme (schistes) et son  écrin coloré

Ainsi se dévoileront des vallées, celle du Correc  d'en Neret, celle du Llech et plus haut celle de la Lentilla.

La vallée du Neret (néret = genévrier) est un grand ravin rectiligne plongeant vers le Llech; il semble y avoir quelques sentiers d'accès mais certainement des sentes animales. Seule m'y aventurerais-je ? Ce n'est guère tentant. Par contre en me penchant sur le vide, j'aperçois les fils rouillés des câbles de l'exploitation minière du fer; aucun wagonnet n'est visible, bien que j'en aie vus depuis le Llech. 

Vestiges...vertige

Nous ne verrons pas davantage de pylônes; mais dans cette végétation aussi luxuriante, que voir ? Seules les murettes d'anciennes cultures courent dans la forêt.

Vallée du Neret

Vallée du Néret vue d'ailleurs

Un rocher émerge et il semble fortifié : ce n'est rien d'autre qu'un ancien cortal, pas très grand, gardien de ces hautes solitudes, qui devait bénéficier d'un panorama d'exception. A  moins qu'il soit lié à la mine ? Il est enfoui dans les chênes verts.

Ruine 

Pour émerger de cette chênaie, il va falloir attaquer la ligne de crêtes et ceci fait, nous ne la quitterons plus. Là c'est féérie. D'abord toucher du caillou, même si la ligne n'est pas sous nos pieds, je la sens au bout des doigts, je la touche des yeux. Les couleurs ruissellent, le soleil aussi, l'automne étincelle. 
Dans notre dos s'allonge et ondule la crête que l'on a suivie trop souvent sous le couvert, mais dégagée elle est belle.

Le paysage me fascine : vallée du Llech

Piste forestière du Llech conduisant
aux Cortalets (Canigó)

Frôler ou fouler l'arête, au choix

Roc de Jocaveil 1326 m

Face à nous, le Puig dels Moros, élégant, est tout en douceur; à droite la crête qui conduit au Roc de Jocaveil est plus agressive, hérissée, mais au loin se devine le tapis vert de Prats Cabrera. Avant que la neige lui fasse un blanc manteau.

Pic dels Moros 1211 m

Roc de Jocaveil et les crêtes

Un des plus beaux villages  de France nous offre son visage : Eus.  Trois lettres et pas assez dans l'alphabet pour le décrire.

Eus

Vallée (canyon) et piste du Llech

Juste sous la crête  deux superbes cabanes dont une circulaire épaulent un vaste bâtiment ruiné qui fut grandiose avec ses terrasses, ses escaliers et sans doute son sentier descendant vers une source, la Font del Vern.

La cabane circulaire

A l'intérieur

Grande dalle circulaire au plafond

La cabane voisine, rectangulaire

Le cortal, vue "aérienne"

Ses murs épais

Et le décor

Voici la Collada d'en Jaume, sa cabane ruinée et la vue plongeante sur la vallée de la Lentilla, un coin de Baillestavy, un autre relief, une autre histoire. Et en dessous de nous, des lieux qui nous furent familiers voici quelques mois. 

Collada d'en Jaume (1139 m) et Pic dels Moros (1211 m)

La crête dentelée vers le sud et le Roc de Jocaveil

La vallée de la Lentilla venue du Canigou

Résolument, on va grimper les derniers contreforts du Puig dels Moros. Si ce sommet est débonnaire et comme velouté de vert et de roux, il va être une succession de dalles rocheuses, de falaises où je vais me régaler. Ludique à souhait. Et esthétique de surcroît ce parcours. 

En premier plan la crête que l'on a parcourue

Séquence amusement : ça me manquait !!

Au sommet il y a des amas de dalles, je sais qu'une construction y figurait autrefois, qu'elle n'est plus que ruines, mais un soubassement de mur respire l'authentique.

Restaurant d'altitude

Vestiges anciens

Le plan des ruines (rRvue "d'Ille et d'ailleurs"

Quel beau belvédère, à 360 °, malgré sa faible altitude. On voit à la fois le Pic du Canigou et la mer, le Pic Carlit et les étangs littoraux. Un beau restaurant...

Le Carlit (2921 m) et ses voisins

Le Canigó (2784 m) s'invite aussi

Canigó

Le Bugarach n'est pas en reste

Un proche voisin sans nom

Le retour va être musclé, très musclé. Paul me conduit à travers les broussailles à deux rochers creusés comme des pierres sacrificielles. Simple coïncidence je pense car j'en ai trouvé une dans la rivière. Une partie de la roche doit être fragile et attaquée par l'eau.

Sacrificielles ces pierres ? Non, érosion

En dessous de nous, vallée de la Lentilla et route de Vallestavia

Ensuite on va suivre la crête; une crête descendante cette fois, où un sentier assez incertain se fraie un passage. Ce sera très beau. Tantôt basculant sur le versant Lentilla avec de somptueuses forêts, tantôt basculant sur le versant Llech et ses chênaies, tantôt louvoyant avec les rochers, ce sera du pur régal.

Portion d'arête nord

Versant est

Versant  ouest

Fond de vallée

Sur la crête, chênes verts

Sur la crête au Roc de l' Agla (1107 m)

La crête parcourue depuis le Pic dels Moros

Versant sec (est), Lentilla

Sentier taillé dans le roc

Roc sans sentier

Flaque d'automne

 Des horizons lointains dans les yeux, la vallée de la Têt, la poussée monumentale de l'urbanisme, hélas.

Lointains vers Canigó

A présent, après une longue ondulation en crête, Paul me propose de prendre l'ascenseur : quoi ? 

Il m'explique, amusé, que les chasseurs ont tracé un sentier droit dans la pente surnommé l'ascenseur, le message est clair ! Tracé ou plutôt réhabilité, il existe sur la carte . Quelle descente ! il faut viser un arbre, afin  qu'une éventuelle chute soit endiguée ou pour servir de frein à pied; car les glands sont des billes. 

En fait, c'est très raide; la photo
écrase la pente

Mais l'ascenseur en montée ? quelle galère sans doute. Il termine sa course au rez de chaussée après 100 m  d'étages et rencontre un joli boulevard, le premier chemin balisé, celui du GRP de la Ronde du Canigou (151.4 km). 

Ce tronçon court entre deux murs, un beau chemin d'exploitation du temps passé, avec de beaux vestiges de calades qui nous conduit en douceur à Estoher. 

Grand chemin balisé : GRP Ronde du Canigou
151.4 km au total

Bouquet fleuri à Estoher

Nous n'avons parcouru que 10, 7 km mais quels kilomètres ! De ceux qui comptent dans les jambes, les muscles, les pieds, de ceux, musclés qui réveillent mes douleurs mais ont allumé dans mon regard toutes les couleurs et les beautés de c es montagnes qui ont un parfum de découverte et de revenez y. Merci Paul, prépare déjà la prochaine originalité .

En chiffres

Distance 10.7 km

Dénivelé : 900 m

La route : 84 Km AR

Le tracé