Après mon article précédent, je m'amuse à différencier les canaux, car de canaux il y en a plein là haut, j'en ai suivi un ou autre par morceaux, ils ont tous un caractère différent, des étages différents, mais ils ont des points communs : perdus, pendus, suspendus, fracassés, ruinés, un âge avancé, une "resclosa" (prise d'eau) disparue, et un charme qu'il faut aller chercher, ça je sais le trouver sans peine, comme leur cours, en courbe de niveau.
Après il y a les surprises, un tronçon manquant à contourner, un morceau vertigineux à franchir, voire un animal dont on se passerait bien, telle une vipère à sa sieste. Des monceaux d'orties, des ronces, des éboulis monstrueux, des glissements de terrain, enfin des cadeaux charmants, quoi !
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Dans ces montagnes gisent terrasses, chemins bâtisses, canaux et tout ce que je n'ai pas vu |
Celui que je vais vous présenter aujourd'hui pourrait presque être la suite du précédent : je vous disais, en conclusion de mon précédent article : "Et si un jour je cherche bien, cela ne me surprendrait pas de voir un ancien canal partir du Bareu vers un ailleurs, ce serait tellement logique."
Et bien je n'ai pas tardé à trouver. Sauf que la prise d'eau de celui que je vais vous inviter à découvrir se trouve quelques dizaines de mètres en amont du précédent. Un détail...
Me voilà ce matin là en route vers un lieu que je ne connais pas, malgré les plus de 100 km parcourus à pied. Je "monte" vers le col de la Botifarra (la saucisse en catalan, voire le boudin ).
Le nom est appétissant, le parcours aussi car il est nouveau. Je le croyais facile, il s'avèrera très pentu, crevant à souhait (un jeune chasseur m'avouera n'avoir pas eu la force de déplier sa carabine à l'arrivée !!). ça montera dru, ça descendra pire car je perdrai le sentier malgré le GPS et je ferai de la navigation au flair, la plus palpitante, d'autant que le GPS sera là en cas de doute, pour vérifier la direction.
Je verrai des paysages sublimes, des ruines majestueuses, des animaux sauvages, des couleurs, des lumières blondes et fauves, je sentirai des parfums d'automne et je ferai quelques incursions dans des sites où nul ne va sinon les chasseurs, tel ce canal perdu.
Partie de l'altitude 1000, je descends vers un point de départ nouveau, direction La Farga. Le sentier est balisé, confortable, bordé de murs, de parcelles, c'est jour de chasse mais tant pis, ,je n'ai pas fait toute cette route pour renoncer.
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Au départ |
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En dentelles |
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En ruines |
On cohabitera sans souci. Donc, à 940 m, j'entame la remontée et c'est à l'altitude1143, en ligne de crête entre sapinière et hêtraie que je LE rencontre. Un simple mur transversal, ça me parle, c'est un canal.
Sans hésitation je l'emprunte vers l'amont et je suis un cours d'abord en forêt, ensuite en tout terrain.
Il s'agit d'une sorte de sentier encore un peu creux, qui m'emmène en découverte.
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En forêt, bien planté sur son mur, le canal |
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Au 1er plan un arbre qui a souffert de la neige dans sa jeunesse |
Je vais le "remonter" sur 830 m et je rencontrerai un passage en tranchée, un passage en éboulis, là au moins je peux comprendre comment on traversait les éboulis, quelques virages, des étages de parcelles boisées à présent , puis un vaste éboulement, un glissement de terrain pas facile à négocier et enfin le meilleur de l'histoire un passage entièrement construit en falaise, intact par chance car plusieurs dizaines de mètres sont du vide, et bien davantage de la falaise abrupte, au dessus de ma tête. Petit pincement au coeur au passage, mais admiration sans limite.
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Passage en roche |
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Son creux encore visible |
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Une mer de rochers prêts à débouler sur le canal |
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Passage de l'éboulis
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Dans l'éboulis |
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La rive d'en face, un canal vient y mourir (Article précédent) |
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Effondrement récent |
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Bien creusé |
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En falaise |
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Le point fort |
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En détails |
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En prudence |
La resclosa n'est plus, emportée par la vie, le ravin de Bareu émerge d'une gorge effarante et se jette dans le vide, un peu en aval il recevait alors les eaux de la Rotja.
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La resclosa ou prise d'eau (disparue) |
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Le Ravin de Bareu |
J'ai du mal à me décrocher de ce site si beau et si sauvage. Je voudrais...tout ! Remonter l'éboulis jusqu'au ciel, remonter la gorge jusqu'à la peur, rencontrer âme qui vive et vivre cette grand solitude.
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Dans ces aiguilles coule, enfin bondit, le Bareu Pourquoi un jour n'irais je pas voir, comme les chasseurs ? |
Je me contente de revenir sur mes pas. Je rencontre une meute de chiens, un chasseur solitaire qui me dira "et bien on ne rencontre jamais personne ici!! ". Oui mais je furète pire qu'un chien.
Sentier à nouveau mais cette fois je file sur le canal vers l'aval : il doit aller rejoindre un ravin sans doute, rendre son eau. Et bien ce ne sera pas ainsi.
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Un aspect plous bienveillant |
Vers l'aval, sur les 820 m du canal, je vais marcher en forêt qui fut autrefois terrasses cultivées; il y aura des ruines, presque les pieds dans l'eau, des traces de vie, Un ravin sans eau à traverser et le canal continuait, paisible, à travers encore des cultures.
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Le canal entre deux murs |
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Sur son chemin, un cortal presque les pieds dans l'eau |
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Mur pour contourner une petite falaise |
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et le passage en petite falaise |
Soudain le paysage change, devient aride, une pente de roches acides, de végétaux de garrigue, mais il suivait son cours; et c'est là que je ne vais plus rien comprendre, le canal va stopper brutalement sur une falaise, se heurter à la roche et ses eaux filaient droit dans la pente. Je descends un peu, cherchant une suite, un canal qui serait quelques mètres plus bas, rien. Peut être n'ai je pas assez insisté ?
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Zone stérile traversée par le canal, mais en aval peut être y avait il des parcelles cultivées? |
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Vers le terminus |
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Fin du canal |
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Ici finit le canal |
Je reviens sur mes pas, songeuse comme si c'était l'énigme rarissime, et je reprends mon sentier, mon chemin vers Botifarra et les enchantements du jour. Ils seront nombreux.
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Botifarra |
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Botifarra |
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Las Llenyas |
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Els Cortalassos |
Au terme du week end j'aurai bouclé mon 155 eme km à Py..et ce n'est pas fini...
En lien, l'article précédent sur "le canal pendu" (clic)
En chiffres
Balade totale du W end : 22 km
Temps de marche et de recherches : 9 h 30
Longueur du canal : 1650 m
Distance totale sur des canaux :5 km
Dénivelé cumulé estimé à 900 m ou plus
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En rouge le canal, en cercle le village de Py En bleu partie du trajet du jour (en boucle) |
Un canal construit avec ingéniosité pour irriguer sans doute de nombreuses parcelles qui ont aujourd’hui disparu car la forêt a gagné. On imagine le travail de força accompli par les paysans de l’époque…
RépondreSupprimerDe beaux restes de constructions, de belles photos, et un texte toujours à la hauteur. Merci de faire revivre ces vieilles pierres. Bises, Josy.
C'est ma passion, oh oui, des travaux de forçats : encordés et suspendus sur le vide, je les voyais alors que je suis passée avec précaution. Des grimpeurs au quotidien; bises
Supprimerj'adore quand tu parles de PY. Merci pour ce récit sur ce canal d'une autre époque, embelli, dans tes jolies photos, par les ors de l'automne.. Bizzz GV
RépondreSupprimerTu vois, je me dis que mes récits peuvent ennuyer, mais je me dis aussi qu'il est un lecteur qu'assurément je n'ennuie pas et rien que pour lui je peux rédiger mon récit. C'est toi évidemment et je suis heureuse de partager avec toi ces moments sur Py. Bises
Supprimermerci pour moi aussi
RépondreSupprimerA bientôt
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