mercredi 10 août 2016

Après le Diable, le Terrers, 2540 m



Ou quatre hypothèses pour un sommet...


Le Terrers



Ce jour là, n'ayant pas vendu mon âme au diable, je passai mon chemin. Un long chemin commencé à 7 h du matin, dans l'ombre de la vallée du Galbe. De toutes parts, je voyais mon objectif : le Terrers, 2540 m. Pourquoi Terrers ? Je le compris plus tard, 4 hypothèses pour un sommet.



Refuge






La Barraca de la jaça de la llosa :sous ce nom à rallonges se cache un petit refuge (la barraca), dans une pâture (la jaça) au pied d'une vaste dalle verticale, de schiste (la llosa). Tout le décor est campé dans ce nom.
Les vaches et leurs petits non compris.







 Un peu plus haut, alors que l'ancien chemin s'est terminé et la passerelle franchie sur le confluent d'où naît le Galbe, la stèle en hommage aux gendarmes emportés par une avalanche offre un superbe belvédère sur la vallée. Le soleil me salue joyeusement, je vais donc pouvoir quitter ...mes gants !

Avalanche du 27 avril 1979
La montée en sentier peut commencer. Dépouillé de la neige, le paysage a quelque peu changé, un peu moins grandiose. Mais beau. Eblouissant même sous un ciel d'un bleu intense.


Je me perds un peu à chercher le sentier de l'étang du Diable et, après une fausse route le long d'un canyon, je suis enfin sur le bon chemin.

Je ne sais pas toujours bien lire une carte!

Le ruisseau des Peires Escritas chantonne doucement et là je sais enfin lire une carte et surtout suivre mon instinct car je bifurque vers le bon vallon. J'arrive au "salon de lecture" (ou d'écriture) du Diable (cf article précédent).



Toutes époques.

signe pastoral 











Aux graffitis version 20 ème S je préfère cette touche de couleur, presque un musée car il n'y a plus un seul rhododendron fleuri !


 Je quitte délibérément le sentier pour mon passe temps favori : la grimpe. Par jeu je vais suivre toute cette arête jusqu'en haut et je ris en douce des deux marcheurs dédaigneux qui m'ont un peu toisée au départ, au vu de mes erreurs...et n'ont pas su trouver les Pierres Ecrites.
2322 m: l'étang

Bon ils ont trouvé l'Etang du Diable et moi je "l'ai pris de haut ".
Qu'importe si je ne peux ainsi m'y baigner,  j'ai une vue sublime.

L'Etang du Diable avait une effrayante réputation d'où peut être son nom.  C'est un petit lac très profond, qui n'a pas de déversoir et un véritable piège à animaux qui ne pouvaient gravir cet entonnoir de schiste glissant. Et se noyaient...

Un petit aparté pour dire que Pierres Ecrites et référence au Diable sont liées (cf à Olargues dans l' Hérault, la Peyro Escrito voisine avec le Val d' Enfer et dans les Alpes Maritines, la Peyra Escrita voisine avec Val d' Enfer , cime du Diable et autres lieux aussi hospitaliers !).
L'explication existe, elle serait trop longue.


 Ne nous attardons pas...Cette fois encore, pour le fun, je grimpe tout droit jusque sur la crête, redoublant de prudence car il y a davantage de gispet (herbe glissante) que de roche dans cette pente ardue, et puis mon maillot est au fond du sac, je n'aurai pas le temps de le mettre !!

Vue d'en haut "ma " pente raide
Me voici sur la crête, avec le vent glacé qui me saute au cou en une longue embrassade .
Dans mon dos, les crêtes ariégeoises sont sublimes. Et puis les lointains 3000 pyrénéens. Un décor vu et revu dont je ne me lasse jamais, j'ouvre toujours un regard neuf.


Décor d' Ariège

La dent d' Orlu 2222 m et des souvenirs au sommet
C'est aussi un grand site d'escalade

Lison et moi , Sommet d'Orlu
10  juillet 2010

Je marche sur la crête vers le Terrers, laissant derrière moi le Mortiers à qui j'ai rendu visite à l'automne dernier. C'est ici, en ces deux proches sommets que se rejoignent les hypothèses citées en préambule. Terrers pourrait évoquer terrier, ou monticule de terre, ou défrichement, dans la toponymie et aussi, l'hypothèse que je retiens : carrière d'argile. Mortiers parle de lui même...

Crête entre Mortier et Terrers, 2500m



Car en descendant du Terrers, je vais trouver un sentier glissant, argileux, de cette terre à poteries à nulle autre pareille. A ce moment là je ne connaissais pas les hypothèses mais j'ai fait surtout attention à ne pas glisser. En temps de pluie, il faudrait presque cramponner !

Pour l'heure je me réfugie au soleil, à l'abri (17° au soleil), je remets tous mes vêtements et ..les gants!


Sommet du Terrers, les Péric en fond





De sympathiques et craintifs troupeaux peuplent les lieux,
ici sur fond de Canigou en bleu.




Une rapide collation juste en dessous du sommet et je file bon train dans une rude descente vers le Col de Terrers, 2407 m.






Là je vais entamer une très belle descente qui ne vaut que par son décor. La Porteille d'Orlu, mon objectif, s'avérant inaccessible pour mes capacités, je vais louvoyer en crêtes sur un sentier argileux et glissant à souhait, dont je ne sais s'il est un sentier fait par les brebis ou par les hommes. Emprunté par les brebis qui ont laissé de profondes empreintes dans la glaise, c'est sûr. Mais quelle vue ! Impossible de descendre dans cette belle vallée ornée de lacs, la pente est rocheuse, ardue  et instable à souhait.
Cette partie de mon circuit .Vue prise depuis Espousouille à  8,7 km
Le paysage ? Sur ma gauche, 250 m en contrebas, la vallée avec les lacs de la Porteille d'Orlu, étagés, les ruisseaux, les pierriers, les derniers névés et des pentes de roches et d'éboulis à donner le vertige.




Je ne lâche pas des yeux le décor : en vrai, il est époustouflant, ce que ne rend pas la photo. Et bien sûr je me délecte...Et ces crêtes, tourmentées au possible !

Etangs de la Porteille d'Orlu





Le sentier et les sentes de brebis
Je promène mes pieds sur ce dévers
que je nomme sentier et qui s'avérera en être un malgré tout.











A parcourir par temps sec car, entre la glaise et le gispet....
Le temps est magnifique, sans un nuage, froid toutefois, cependant je savoure.
Là en bas...et je suis vraiment tentée à plusieurs reprises de faire un tout droit , je louvoie sur les pentes, mais j'ai vraiment peur de me rompre les os, c'est le lieu dit "les Bassettes" 1900 m. Plus tard, des Bassettes, je verrai le sentier car il  en existe un.





Je joue la sécurité et je bifurque , en quittant le sentier vers un ravin que je vais suivre dans une sorte de petit canyon, hors piste, glissant à souhait mais pas dangereux. Les couleurs sont belles : roches et sols sont polychromes . Du noir, de l'ocre, du blanc, quelle palette, dans tout ce vert coiffé d'un bleu intense. Je vais me poser au bord de ce ravin au nom poétique : "el correc dels serrats verds", le ravin des verts sommets. Me poser une heure, prendre un bain de soleil, écrire, laisser couler le temps au fil de l'eau.

Je découvre que ce ravin est celui de mon erreur d'orientation du matin! Donc il m'était destiné !
En tout cas c'est solitude garantie.
Mais cela ne l'a t'il pas été toute la journée ?




Toutefois, avant de regagner "la civilisation", je vais faire un tour dans "les Bassettes", pour voir d'en bas à quoi ressemble mon périple d'en haut. Je ne verrai rien, tout est caché par le grand dénivelé.


Les Bassettes et la Porteille d'Orlu au fond

Et puis je prends le sentier du retour, sur lequel se rejoignent les randonneurs venus de tous horizons. Brûlés de soleil. Comme moi. 

Canigou en toile de fond.



 Oh j'ai d'autres projets qui se dessinent déjà. Plus tard.
La Porteille d'Orlu...ses lacs..





De retour à Espousouille, je contemple, devant un bon repas bien mérité...une partie de mon périple.


Au fond, le Terrers et à droite le col ou Porteille d'Orlu
Il me reste 2h1/2 de route, plus de 100 km de virages, mais quelles images au fond des yeux !

En chiffres :
 Distance : 15.5 km
Dénivelé: 1000 m environ

Annexe documentation
- Toponymie historique de Catalunya nord par Lluis Basseda
- Traces, lieux et mémoire de gravures rupestres; la Peyra Escrita de Pauline Touranche (mémoire master 2, mars 2012)


9 commentaires:

  1. encore un beau reportage bien renseigné et de belles photos . tu es vraiment passionnée!!!

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    1. je n'ai jamais pu vivre qu'avec des passions...des fiascos parfois. Pas ern montagne, je suis au niveau de mes passions. A bientôt !

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  2. Bravo Amedine, pour ton périple et pour ton récit. Sur FCBK un coeur assuré !

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  3. Bravo Amédine pour Le Périple J espère que Vous avez Le Portable sur Vous :) Quelle Aventurière Vous êtes :) Je Vous souhaite un Bon Repos après tous ces efforts :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)

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    1. Oui j'ai le portable. Petite fille je rêvais d'être aventurière. Alors je m'aventure sur d'autres horizons. C'est vrai que de là haut l'horizon est vaste.Gros bisous Claudie.

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  4. Coucou ... quel merveilleux périple !!!
    J'admire ... moi qui ne pourrait pas en faire autant et c'est bien dommage :(
    Merci de me faire rêver ;)
    Douce soirée, Bisous et Câlins aux Félins

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    1. je me dépêche quant il est encore temps pour moi. Mes années 'de montagne) sont comptées. Parfois je pousse plus loin que mes limites comme pour rattraper le temps perdu.J'ai 25 ans de trop pour mes rêves. Bisous

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  5. Oh si ! le décor, même en photos, est époustouflant ! C'est un paysage grandiose, magnifique.
    Chaque fois que je te lis, Amédine, et ceci de plus en plus, je me dis qu'il faut vraiment que je consacre plus de temps à la marche. De plus, ma région, bien que montagneuse elle aussi, est tout de même plus "plate" que la tienne, donc sans grosses difficultés. Pour moi, ce serait donc plus facile. (sourire)
    Allez, je prends de bonnes résolutions pour la rentrée de septembre ! :-)

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